« Nos connaissances, aptitudes et trouvailles sont enfin appréciées à leur juste valeur. Il était temps ! »
« Qu’est-ce que j’ai raté ? »
« Le tapis rouge, bien entendu, qui a été déployé exprès pour nous. »
« Où ça ? Quand ? Pourquoi ? »
« Voyons, tu étais présente : à l’école canine, bien entendu. »
« Tu veux dire que maintenant, en automne, l’école canine donne ses cours non plus à l’extérieur mais dans le hall et le sol est couvert pas un tapis qui est rouge, ce qui est un pur hasard. »
« Ce n’est pas un hasard qu’il est rouge et comme tu l’as toi-même constaté, la monitrice l’a déployé seulement lorsque Bandito et moi-même, nous nous sommes approchés de l’école canine. Il était temps que nos performances et notre rang soient reconnus comme il se doit. »
« Quel rang ? »
« Notre rang royal inné en notre qualité de doyens des rateros. »
« Tu as dit toi-même que le terme espagnol ‘ratero’ signifie en français ‘brigand, escroc, chapardeur’ et tout d’un coup, vous réclamez pour vous un rang royal ? »
« Bien entendu, même parmi les ‘brigands, escrocs, chapardeurs’, il y a aussi des maîtres voleurs, des filous particulièrement malins et des malandrins ayant beaucoup de succès. Un ratero réunissant toutes ces qualités nobles et rares, grimpe l’échelle au cours des années et de ses trouvailles – jusqu’à ce qu’il atteigne le rang royal. »
« Est-ce que la monitrice voit les choses de la même manière… ? »
« Après tout, elle a reconnu nos performances, sinon, elle n’aurait pas déployé le tapis rouge. »
« Et de quelles performances parles-tu exactement ? »
« Bien entendu, de notre rôle de modèle au sein de l’école canine ! »
« Euh… »
« Bon, si tu veux le savoir dans tous les détails : de l’optimisation des processus d’exercices, de comportements et d’idées totalement obsolètes. »
« Comme par exemple ? »
« Par exemple l’exercice totalement ennuyeux ‘au pied ». Au lieu de suivre son être humain d’un pas pesant, sans aucun sens, il est beaucoup plus efficace de marcher à côté de lui sur les pattes arrière. Cela présente l’avantage que nos nez se rapprochent beaucoup plus de vos mains avec les friandises et la banane autour de votre ventre, contenant également des friandises. Chez les chevaux, vous appelez cela ‘marche courbette’, mais chez les chiens, vous ne l’avez pas encore introduite comme leçon. Mais cela ne fait rien, nous sommes à votre service pour vous expliquer certaines choses et initier des perfectionnements. »
« C’est très généreux de votre part. »
« N’est-ce pas ? Un chien peut même rendre la conception de cet exercice encore plus sportif : comme tu l’as certainement vu, moi (Bandito s’entraîne encore), je suis même en mesure de sautiller sur mes deux pattes arrière pour te suivre au pas. Chez les chevaux, vous appelez cela une ‘courbette’, ici non plus, vous n’avez pas pensé à introduire cet exercice au programme pour les chiens. Et pourtant, il fortifie notre musculature dorsale ! »
« Je vois très bien, oui… Et que faites-vous alors avec votre musculature dorsale fortifiée ? »
« Nous transportons des objets vitaux et indispensables à notre existence. »
« Les dummys, par exemple ? »
« Les dummys, comme leur nom l’indique déjà, servent uniquement à des fins d’exercice. Non, il s’agit par exemple du tapis vert à l’école canine qui doit être tiré vers le côté pour laisser place au tapis rouge. De plus, des objets trouvés de grande valeur doivent pouvoir être mis en sécurité immédiatement pour éviter qu’ils ne soient confisqués… »
« Alors, là, tu m’intéresses – développe… »
« Afin de sécuriser nos biens, il nous faut alors une musculature adéquate et cette musculature, nous la constituons à l’école canine en optimisant les processus des exercices proposés. »
« Oui, tu viens justement d’en citer quelques exemples, mais j’aimerais quand même bien revenir aux ‘objets trouvés de très grande valeur’, cet aspect de la constitution de muscles m’intéresse particulièrement… »
« La gamme en est très variée et l’éventail des articles est particulièrement bien fourni. »
« En clair et en français ? »
« Pour en savoir plus, il serait judicieux que tu t’adresses au service de presse des rateros. »
« Je pensais que c’était toi ? »
« Non, moi, je suis le roi pour qui l’on déroule le tapis rouge. »
« Bon bein, et où est-ce que je trouve le service de presse des rateros ? »
« À Majorque. »
« Quoi ??? Mais je ne parle pas espagnol ! »
« Cela ne fait rien, tu peux tout aussi bien aboyer, le service de presse comprend les aboiements aussi. »
« Je ne sais pas aboyer non plus… »
« Alors, il ne te reste qu’un cours à l’école canine – pardon, à l’école humaine pour apprendre soit l’espagnol soit les aboiements. »
« Sans ou avec l’optimisation des processus ? »