« César, Bandito – on se lève, on va dans le jardin, faire un pipi ! »
« Nous sommes fatigués, laisse-nous dormir. »
« Mais voyons, il est temps de se lever, ne prétendez pas que vous êtes fatigués ! »
« Tu peux parler – ce n’est pas TOI qui as bossé toute la nuit… »
« Quel travail fatiguant avez-vous alors accompli cette nuit ? »
« Qu’est-ce que tu crois ? Nous avons veillé sur tes rêves et nous t’avons consolée. Bandito et moi, nous nous sommes chacun blottis contre toi, tu ne t’en serais pas rendue compte, ou quoi ? »
« J’avoue que j’ai fait des cauchemars cette nuit. C’était assez grave. »
« Quels mauvais rêves as-tu alors faits ? »
« Nous nous sommes promenés ensemble, il a commencé à pleuvoir et la pluie vous a mouillés. »
« Effectivement, c’est une catastrophe assez grave. »
« La catastrophe, c’est que je ne savais pas que dans mon rêve, vous étiez des chiens-gremlins et que la pluie a provoqué votre explosion. Ensuite, vous vous êtes centuplés et il y avait de petits chiens-gremlins qui couraient à droite et à gauche dans tous les sens et que je devais attraper. »
« Donc, non seulement que nous n’avons pratiquement pas fermé l’œil cette nuit parce que nous devions te consoler, mais maintenant, nous apprenons que nous avons été mouillés à l’occasion de toute cette histoire. Et malgré cela, tu es assez insensible pour nous réveiller. »
« Un instant – vous m’avez consolée cette nuit, c’est très gentil de votre part et c’est pourquoi, je vous laisse continuer à dormir maintenant. Faites-moi signe quand vous devez faire vos pipis. – Mais ce n’est que dans mon rêve que vous avez été mouillés, pas dans la réalité. »
« Peu importe, nous sommes mouillés et fatigués et c’est pourquoi, il nous faut du chocolat maintenant. »
« Le chocolat est toxique pour les chiens. »
« Oui, mais pas pour les chiens-gremlins, ceux-là présentent une constitution génétique tout à fait différente de celle des chiens normaux. »
« À ce que je sache, les gremlins deviennent assez dangereux pour leur entourage lorsqu’on leur donne du chocolat. »
« Non, seulement si l’on leur donne du chocolat à minuit. C’est pourquoi, mieux vaut que tu nous donnes le chocolat immédiatement, cela éviter tout risque, à part un tout petit risque résiduel. »
« Quel risque résiduel ? »
« Bon, ben, si l’on ne donne pas de chocolat du tout aux chiens-gremlins, ils deviennent assez dangereux pour leur entourage. »
« À vrai dire, je ne voudrais courir aucun risque, ni un risque résiduel ni un risque tout court… »
« Ne t’en fais pas, après tout, nous sommes des chiens et pas des gremlins. »
« Et nous y voilà. Je suggère malgré tout que vous fassiez la grasse matinée maintenant et ensuite, chacun d’entre vous recevra un cou de poulet séché à titre d’indemnisation pour votre réconfort et votre assistance de cette nuit. »
« La proposition concernant le cou de poulet n’est vraiment pas mal. Mais bien entendu, il nous faudrait une centaine de parts. »
« Est-ce que tu veux dire par cela que vous réclamez cent cous de poulet ? »
« Mais bien sûr, et ceci, pour chacun de nous. »
« Bon sang, mais cela vous causera la constipation du siècle… Sans parler du fait que vous n’allez pas pouvoir avaler les cent cous de poulet (je ne les ai pas comptés, mais je pense que nous n’en avons même pas autant que cela à la maison). »
« Si, ne t’en fais pas, tu l’as vu de tes propres yeux – cette nuit, nous nous sommes centuplés sous la pluie, et ceci tous les deux. »
« Oui, dans le rêve, mais pas dans la réalité ! »
« Penses-tu ! Les autres 99 Césars et 99 Banditos sont recroquevillés sous le lit et attendent leurs cous de poulet. Et sans cous de poulet ou chocolat, ils deviennent assez dangereux pour leur entourage… »
« Êtes-vous des gremlins maintenant – ou alors des chiens… ? Je commence à m’y perdre un petit peu là… »
« Alors, cela dépend. »
« De quoi ? »
« Quand il pleut, nous nous transformons en gremlins – et ceux-là ne supportent pas la pluie, voilà. Quand il y a des cous de poulet, nous redevons des chiens, car les cous de poulet sont très sains pour les chiens. »
« Et qu’en est-il avec le chocolat ? »
« Heu, c’est une question très complexe et sa réponse dépend de la météo actuelle, de l’heure de la journée, de la qualité du chocolat et de la faim du chien-gremlin… »
« Puis-je donc résumer la situation comme suit : je me trouve actuellement face à deux chiens-gremlins qui sont, certes, fatigués, mais terriblement affamés, qui ne peuvent pas faire leurs besoins dans le jardin, car ils sont non seulement fatigués mais également allergiques à la pluie, en fonction de leur forme du jour et de l’heure, il y a lieu de les nourrir aux cous de poulet et/ou de chocolat, et ceci en leur offrant des centaines de parts, faute de quoi ils risquent de devenir assez dangereux pour leur entourage ? »
« Tu as compris la situation avec une assez grande précision, toutes mes félicitations ! »
« D’accord, puisque c’est comme cela, je vais alors aller dans le jardin, y faire du pipi, en espérant d’être mouillée par la pluie pour que je me centuple, moi aussi, afin d’être en mesure de faire front à la surpuissance de gremlins sous notre lit. »