« Maman, j’ai une réclamation, une ‘réclamation immédiate’, comme tu l’écris toujours dans tes traductions. »
« De quoi s’agit-il ? »
« J’ai inspecté mon écuelle et ce que j’ai vu-là, ça ne va pas du tout ! »
« Quel est le problème avec ton écuelle ? »
« Ne fais pas l’innocente – j’ai examiné son contenu sous tous les plis, j’ai pris les mesures et je l’ai pesée : aujourd’hui, ce sont exactement 10,1% qui manquent, hier, c’étaient 12,3% et avant-hier 9,8%. Cela ne peut pas continuer comme cela ! »
« Je reconnais que j’étais obligée de diminuer tes rations, mais ce sujet-là, tu ne devrais pas en parler à moi mais à la vétérinaire… »
« La vétérinaire est incompétente ! »
« Tiens donc ! Je pense qu’en lieu et place, nous devrions plutôt parler de ton comportement à la plage… »
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ?!
« Je veux dire par là que pendant toutes les vacances, tu as passé ton temps à patrouiller du matin au soir, museau au sol, en zigzagant sur la plage à la recherche de quelques restes de nourriture. Malheureusement, tu as même eu du succès et as sifflé en deux tours trois mouvements toutes sortes de déchets alors que je t’avais dit à chaque fois d’arrêter. »
« J’ai ‘sifflé ces déliciosités, comme tu le dis, non pas malgré le fait que tu m’as dit de m’arrêter, mais justement à cause de cela. Parce que je savais pertinemment que tu aurais aimé lécher toi-même les coupes de glace de la veille et aurais ingéré toi-même le morceau de pain avec son fromage aux effluves irrésistibles de la semaine dernière. Par conséquent, je devais agir, tout comme pour le morceau de Kebab sous le transat ou le petit bout de chocolat qui avait mariné pendant quelques jours dans le fucus. »
« Je peux t’assurer que je n’avale pas d’ordures. En tout cas, tes frasques ont eu pour résultat que tu as fortement pris du poids pendant les vacances et cela, c’est dangereux pour toi. »
« Qui dit cela ? »
« La vétérinaire. »
« Elle est incompétente, celle-là ! »
« Celle-là sait néanmoins quel poids un chien de ton âge et de ton état de santé doit présenter sur la balance. »
« D’où peut-elle le savoir ? D’ailleurs, est-ce qu’elle a déjà 14 ans et a-t-elle déjà la même expérience de la vie que moi ? Car MOI, je sais par expérience de la vie et en tant que chien qu’il faut toujours faire un peu de lard pendant les vacances pour bien passer l’hiver. Et d’ailleurs – qui sait si l’on aura toujours à manger demain : tout ce qu’on a dans le ventre, plus personne d’autre ne peut le reprendre ! »
« Oui, je pense tout à fait qu’elle a au moins 14 ans… – À part cela : QUAND n’a-t-il déjà eu rien à manger chez nous ? »
« Mais voyons – maintenant ! »
« Là, tu déformes les faits – par ailleurs, je n’ai pas supprimé tes rations, mais je les ai seulement diminuées. Et cela seulement depuis que tu as pris du poids, pas avant. »
« De toutes les manières, j’exige avec effet immédiat l’intégralité de mes rations. Sinon, j’entame une grève ! »
« Je suis désolée, mais c’est justement avant la promenade d’aujourd’hui, que j’étais obligée de régler les fermetures de ton harnais parce qu’il ne t’allait plus. »
« Il a rétréci au lavage. »
« Je ne l’ai pas lavé. »
« C’est un scandale ! »
« Qu’est-ce qui est un scandale ? »
« Le fait que tu ne l’as pas lavé. »
« Ne change pas de sujet. Tu as malheureusement développé un ventre ballonné et c’est très mauvais pour la santé des chiens, surtout à ton âge. »
« Oui, j’ai un ventre ballonné – il contient de l’air, beaucoup d’air, en raison de la faim, parce que je n’ai pas le droit faire mon travail normal de ratero à la plage et à la maison, on ne me donne pas non plus suffisamment à manger. »
« Pauvre petit chien, personne ne t’aime. »
« C’est cela, paie-toi ma tête ! Quand tu auras 14 ans, tu verras comment on se sent quand on doit chercher de la nourriture à la plage parce qu’on meurt de faim. »
« À cette époque, je n’avais pas encore diminué tes rations. »
« Peu importe – j’ai fait cela en prévision de ce qui allait se passer, sachant pertinemment que tu les diminueras. »
« Oui, parce que tu savais qu’avec ton initiative, tu grossiras tellement que je n’aurais aucun autre choix que te mettre à la diète. »
« De toutes les manières, je te dénoncerai à la société de la protection animale et par la même occasion, la vétérinaire aussi, car cela ne peut pas continuer comme ça. »
« Fais comme tu le penses. »